top of page

Petite histoire


Durant le rude hiver de l’an 2010, une vingtaine d’originaux cosmopolites se sont réfugiés dans les 1700m2 d’un bâtiment abandonné par la lumière de la ville de Paris.

 

Ils en ont fait leur navire sauveur sur l’océan des précarités urbaines. Face aux besoins vitaux, créatifs et devant la justice menaçant d’une expulsion par les forces armées, nous nous sommes structurés, proposant un projet artistique et culturel ouvert sur le monde en échange de cette occupation de bien public.

 

Depuis lors, chacun a pu se révéler. La moitié d’entre nous a trouvé une autre situation : formation professionnelle, travail, logement décent, atelier, amour, squat… Les places libres ont accueillies des artistes du quartier en besoin d’espace et d’autres venant des quatre coins du monde pour créer.

 

Nous avons accueilli des communautés culturelles de divers pays au travers d’institutions reconnues, des universités, des chargés culturels, officiels, maires, ambassadeurs, collectionneurs, personnalités du monde artistique, éditeurs réputés, curieux, passants pensants. L’Espace Jour et nuit culture est devenu un pôle universel d’interaction dans la création humaine.

 

Nous avons organisé quantité d’expositions, concerts, rencontres, débats, spectacles, projections, performances, cours, stages, ateliers, et permis à nombre d’étudiants des expérimentations amplifiant le champ d’action de leurs cursus universitaires. Aujourd’hui Jour et nuit culture est un large terrain d’expression.

 

  Depuis 1989, les locaux du 61 rue Saint-Charles, étaient mis à disposition d’EDF par la ville de Paris, mais en 2009, le groupe Eurec (concession éclairage public substitués à EDF) déménage en les laissant inoccupés et en état de dégradation. En novembre 2010, le Collectif « Jour & nuit Culture » investit le lieu répondant à leur nécessité ; les artistes y installent leurs ateliers. Le 15 novembre 2011, la mairie de Paris signe une convention d’occupation temporaire et une convention d’objectifs avec l’association Jour et nuit culture afin de permettre à son projet artistique et culturel de se développer.

De par son histoire, nous avons donné un premier nom à ce grand bâtiment au terme d’une de nos premières réunions, il fût baptisé « Le Générateur ». Une ancienne armoire électrique avait laissé la place à un grand vide dans la cave, et nous avions pu retrouver des documents datant des années quatre-vingt prouvant l’activité qui existait avant. Mais après avoir été contactés par un autre lieu d’activités culturelles et artistiques portant le même nom, à Gentilly, nous avons opté pour « L’Espace Jour et nuit culture », se résumant bien plus souvent à « Jour et nuit ».

En effet, de par la condition temporaire et incertaine de notre occupation, il était clair que ce lieu allait être hautement utilisé, peut-être jusqu’à l’épuisement, par des créations en tout genres, le plus intensément possible. Qui ne pouvait rêver mieux qu’autant de surfaces pour travailler, quand les ateliers d’artistes à Paris sont quasi inaccessibles pour la majorité des prétendants ?

Galerie au 9 Place Saint Michel.

D’anciens employés de Citelum, l’entreprise se trouvant à cet endroit quelques années auparavant, sont venus à notre rencontre. De Rencontres fortuites en surprises et découvertes, on reconstitue peu à peu l’histoire du bâtiment qui nous accueillait avec les noms des employés restés sur les portes des anciens bureaux du premier étage – le « secrétariat » devient par anagramme l’espace d’un « sacré taré », les clés rouillées retrouvées et indiquant la propriété des espaces sont soigneusement rangées dans une boîte comme des reliques. Ainsi, on a le « magasin » qui deviendra un espace de répétition et de manifestations artistiques (espace n° 9), la chaufferie désaffectée qui servira de décor insolite pour le tournage d’un clip (espace n°55), et bien d’autres.  Les douches dont une partie semble plus ancienne encore, restent des douches. Une douche s’écoulant en cascade depuis sans doute plusieurs mois, ainsi que quelques fuites dans les tuyaux et dans certaines parties du toit seront soigneusement réparés, nous devenons les nouveaux gardiens de ce lieu, trouvé vide et qu’il n’y a plus qu’à remplir de notre énergie.
Nous remplissons avec tout ce que le quartier nous donne. Après un accueil chaleureux de la part du patron du restaurant voisin dès les premiers jours de notre occupation, c’est au tour de voisins de nous apporter des livres, des vêtements, des meubles. Et c’est notre œil avisé qui passe les rues au peigne fin, et bientôt, des dizaines de meubles, livres, chaises, étagères, lampes, etc… viennent remplir nos salles. Ainsi que tout autre objet trouvé qui viendra occuper sa place avec pour vocation l’utile, l’artistique, le beau ou le fonctionnel.
Nous trouvons très vite les fonctions des salles, en écho à nos diversités de pratiques (Arts plastiques, création en volume, danse, musique, photographie etc…). Les fonctions des salles se succèdent ou se multiplient, un simple couloir, lieu de passages quotidiens se transforme en bibliothèque, puis en salle de musculation – bibliothèque (mariage du corps et de l’esprit), enfin en seconde salle d’exposition (espace n°10), après  une demande forte des artistes. La cave est d’abord une salle de répétition pour des musiciens, puis un studio photo (espace n°53)et studio d’enregistrement (espace n°54), les espaces sont transformés avec la volonté et l’énergie des personnes soutenant leur projet dans ces lieux, étudiants, jeunes professionnels et créateurs. L a salle étroite et sombre du hangar (espace n°2) devient labo photo (espace n°5), le reste de l’espace accueille le collectif Vélorution chaque dimanche (de janvier à avril 2011) où des dizaines de vélos se déploient et se reconstruisent.
Un budget important est investi au fur et à mesure pour faire une vraie salle d’exposition dans ce qui était « l’atelier aux écritures » et qui devient la galerie (espace n°15), (peintures refaites après chaque exposition, systèmes d’éclairage multiples et système d’accrochage des œuvres). De même, la salle de danse (espace n°19) est peu à peu investie par la pose d’un parquet, et de miroirs, dans le cadre d’un don après le prêt de la salle pour le tournage d’une étudiante.
Très vite l’énergie converge vers l’envie d’améliorer les lieux pour en faire des ateliers et lieux d’activités dans les meilleures conditions. Cette envie est partagée avec de nombreux riverains débordant de projets, qui apportent leur esprit d’initiative afin de voir se développer leurs activités en ces lieux, véritable « Eldorado » inattendu dans le quartier Saint-Charles. Ce lieu, à l’exception du studio d’enregistrement,  ne s’est construit uniquement que sur le superflu de la société.

 

Exposition au Musée de la Poste de Paris.

bottom of page